Une vision prospective fondée sur l’enquête 2024
L’Observatoire du métier de la scierie a conduit en 2024 une enquête auprès des scieurs et de leurs partenaires (propriétaires forestiers, fournisseurs de matériel, consommateurs de sciages, exploitants forestiers, organismes d’aide au développement des scieries...) pour imaginer le futur des 1 214 scieries françaises recensées en 2022.
Tendance structurelle : baisse du nombre de scieries
Selon Christian Sénégas, dirigeant de MFLS Forézienne, on pourrait enregistrer une érosion annuelle de 4 à 5 %, ce qui ramènerait le nombre de scieries à environ 714 en 2032.
Malgré la concentration du secteur, la production moyenne par scierie augmenterait : de 7 000 m³ en 2022 à 11 205 m³ en 2032. Toutefois, le volume total de sciages plafonnerait autour de 8 Mm³, en dessous des anciens objectifs de 10 Mm³, comme l’Observatoire du métier de la scierie l'avait estimé à tort en 2007 et 2019 (Études L’Harmattan).
Approvisionnement : tensions et incertitudes
Le réchauffement climatique rend l’approvisionnement en bois plus instable (ex. disparition de l’épicéa dans certaines régions). La critique sociale contre les coupes rases accentue cette tension. La sylviculture mélangée pourrait devenir une alternative nécessaire, avec une attention renforcée à la diversification des essences.
L’Observatoire des forêts françaises devra être renforcé pour anticiper ces évolutions. La contractualisation, notamment dans le chêne, deviendra incontournable.
Transformation : modernisation et ressources humaines
Le secteur est jugé conservateur, avec un besoin urgent de :
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Numérisation et modernisation des unités
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Automatisation pour améliorer les conditions de travail
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Attractivité du métier, notamment par une meilleure ergonomie et des salaires compétitifs
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Recrutement de personnel qualifié, maîtrisant parfois l’anglais technique
Marché : retards, dépendance à l’import et communication à revoir
La filière reste en retard en matière de :
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Valorisation, innovation, flexibilité et productivité
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Poids politique face aux matériaux concurrents comme le béton
Sans action, l’importation continuera de dominer (déjà massive pour le résineux nordique). Il faudra renforcer le rôle des organisations interprofessionnelles avec pour objectif prioritaire : augmenter la consommation de bois par Français.
Enjeux structurants à long terme
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Expérience multigénérationnelle dans le métier
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Rentabilité à assurer via optimisation de la matière et productivité
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Montée discrète de l’intelligence artificielle (ex. scannage du bois)
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Besoin de compétences humaines toujours essentielles dans l’évaluation qualité/process
Enjeux liés à l’imprévisible
Amont
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Sécurisation des approvisionnements affectée par le réchauffement climatique, la pression sociétale et la saisonnalité nouvelle
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Nécessité de repenser le discours sur l’exploitation forestière (face aux critiques des populations et écologistes)
Transformation
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Diminution du nombre de scieries (<1 000 d’ici 10 ans, probablement 800)
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Imprévisibilité dans l’extension ou création de sites
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Défis techniques et financiers dans la modernisation
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Risque de faillite si les investissements coïncident avec des crises économiques (cf. années 1990, crise immobilière de 1993)
Aval
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Marchés construction et emballage fortement exposés aux aléas (cf. crise du bâtiment 2023-2024)
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Baisse de 30 % dans la production pour l’emballage due à la faible consommation des ménages
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Importance d’explorer les nouvelles essences et produits à valeur ajoutée
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Coopération avec la seconde transformation pour valoriser le bois dépérissant
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Transmission d’entreprises incertaine, plus difficile hors cadre familial
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Fidélisation des salariés qualifiés de plus en plus difficile
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Poids croissant de l’instabilité réglementaire, fiscale et énergétique
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Nécessité d’un renforcement du fédéralisme professionnel
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Enjeu stratégique de la communication et du marketing







