Une production très concentrée
Selon les données issues du classement volumétrique Agreste 2022 et du classement typologique de l’Observatoire du métier de la scierie 2019, deux grands groupes de scieries se distinguent. Le premier est celui des scieries de services, avec des volumes inférieurs à 10 000 m³ par an. Ce segment, composé d’environ 1 050 entreprises, représente 87 % des scieries françaises pour une production de 2,1 Mm³, soit 26 % du volume national. Le second groupe regroupe les scieries de production semi-industrielle et industrielle, avec plus de 10 000 m³ par an. Ce groupe, bien que ne comptant que 165 unités (13 % de l’effectif), concentre 74 % de la production nationale avec 6,3 Mm³.
En moyenne, une scierie de services produit 2 082 m³ par an, tandis qu’une scierie semi-industrielle produit 13 519 m³ et une scierie industrielle 64 945 m³. En combinant l’ensemble des 1 214 entreprises recensées, la production nationale atteint 8 451 000 m³, soit une moyenne générale de 6 961 m³ par scierie.
Les zones géographiques les plus productives
La production nationale est dominée par quatre grandes régions. L’Auvergne-Rhône-Alpes se classe en tête avec 2 Mm³, suivie par la Nouvelle-Aquitaine avec 1,84 Mm³, la Bourgogne-Franche-Comté avec 1,42 Mm³ et le Grand Est avec 1,36 Mm³. En matière de résineux, l’Auvergne-Rhône-Alpes domine avec 1,92 Mm³, juste devant la Nouvelle-Aquitaine qui produit 1,70 Mm³, concentrant 85 % de la production nationale de sciages de pin maritime. Pour le feuillu, le Grand Est est la première région avec 0,370 Mm³, suivi par la Bourgogne-Franche-Comté avec 0,242 Mm³.
Le tissu industriel par région et les produits principaux
En nombre d’entreprises, les régions les mieux dotées sont l’Auvergne-Rhône-Alpes avec 313 scieries, la Nouvelle-Aquitaine avec 216, et le Grand Est avec 173. Concernant les volumes de production, les produits issus du chêne représentent 0,640 Mm³, ceux du hêtre 0,330 Mm³ et ceux du peuplier 0,220 Mm³. Pour les résineux, le sapin-épicéa atteint 4,1 Mm³, suivi du douglas et du pin maritime à 1,2 Mm³ chacun. Le produit merrain reste également un segment valorisé dans le feuillu.
Une concentration historique du secteur
Le paysage industriel s’est considérablement transformé depuis les années 1970. Le nombre de scieries est passé de 9 000 en 1973 à un peu plus de 1 200 en 2022. La production globale, quant à elle, est passée de 10 Mm³ à 8,6 Mm³, dont 7,2 Mm³ pour les résineux et 1,4 Mm³ pour les feuillus, merrains compris. En cinquante ans, plus de 7 scieries sur 10 ont disparu, soit une moyenne de 156 disparitions par an. La période la plus critique fut celle allant de 1973 à 1980, durant laquelle 3 700 scieries ont fermé, soit une moyenne de 537 fermetures par an. Ces chiffres rappellent l’époque où certaines communes rurales comptaient plusieurs scieries.
Depuis 2010, le rythme des fermetures semble se stabiliser autour de 47 par an, soit environ une par semaine. Ce ralentissement de l’hémorragie ne masque pas une tendance lourde à la concentration, qui se traduit par une hausse impressionnante de la production moyenne par unité, multipliée par plus de six en un demi-siècle.