Une réponse ambitieuse à la croissance de l’isolation biosourcée
Face à un marché en hausse constante (+20 % par an depuis trois ans), Cavac Biomatériaux triple ses capacités avec une nouvelle usine à Mouilleron-le-Captif. Un signal fort pour un secteur en pleine transformation.
Le chanvre, d’anecdote à évidence
Il fut un temps où isoler au chanvre prêtait à sourire. Mais les temps ont changé. De Chènevotte Habitat à Cavac, le matériau longtemps sous-estimé connaît aujourd’hui une renaissance. « Une révolution se met en place », affirme Olivier Joreau, président de Cavac Biomatériaux et de l’AICB. Avec la hausse des prix des isolants pétrosourcés, les biosourcés deviennent compétitifs. Résultat : 120 000 maisons individuelles isolées avec ces matériaux entre 2016 et 2021, pour une part de marché passée de 6 % à 11 %.
Une capacité triplée
L’actuelle usine de Sainte-Gemme-la-Plaine produit 150 000 m³/an. Grâce à la future implantation à Mouilleron-le-Captif, la capacité annuelle passera à 400 000 m³. La matière première (chanvre et lin) est transformée sur place, pour le béton de chanvre et les panneaux de la gamme Biofib. Le chanvre est fourni par HEMP-it, situé à Beaufort-en-Vallée.
Un bâtiment vitrine
Le projet inclut un bâtiment administratif exemplaire, conçu par le cabinet CAN-IA (Rezé, 44). Il combine :
-
Béton de chanvre (préfabriqué ou projeté)
-
Laine de chanvre-lin-coton pour cloisons et toiture
-
Ouate de cellulose en façade nord
-
Ossature bois (épicéa, douglas)
L’objectif : une conception bioclimatique, conforme à la RE2020, avec orientation optimisée et protections solaires. Le chantier devrait être livré pour septembre 2024.
Trois questions à… Olivier Joreau
Votre modèle coopératif est-il un atout ?
« Oui. Notre modèle “du champ au chantier” repose sur l’engagement de nos agriculteurs. C’est une clé de réussite. »
Des obstacles au démarrage ?
« Le début a été compliqué : certifications CSTB et Acermi longues à obtenir, peu adaptées à nos produits. Mais aujourd’hui, Biofib’ est une référence. »
Et les aides à la filière ?
« Elles sont très limitées. À peine 2 millions sur les 30 possibles pour la décarbonation. Nous faisons déjà beaucoup avec peu. »
Une filière qui décarbone sans aide
L’AICB fédère 13 industriels de l’isolation biosourcée, tous labellisés “Produit biosourcé” :
Biofib’, Cellaouate, CCB Greentech, Gramitherm, Gutex, Igloo, Isonat, Knauf, Ouattitude, Métisse, RMT, Soprema, Steico.
« La filière suit le marché, elle investit, mais reçoit peu d’aides malgré son rôle clé dans la transition bas carbone », déplore Olivier Joreau.