Les intempéries contrarient la demande
L'activité d'Obbia a été freinée par les intempéries cet hiver et au printemps, affectant particulièrement la gamme négoce (30 % de son activité). Bernard Constant, gérant d'Obbia, espère un rattrapage si les conditions météorologiques s'améliorent. Chez Masquelack, Sébastien Rivière, directeur des ventes Espagne-France, constate un retour au niveau d'avant-pandémie après un pic post-Covid, avec une forte baisse des permis de construire. Pour Osmo-Holz und Color, expert allemand des produits de finition, Dorothée Crespy-Fernandez, directrice commerciale France et Benelux, observe un marché fluctuant entre le positif et la stagnation. Malgré les difficultés de la construction, les perspectives pour les produits de finition ne sont pas négatives, comme en témoignent l'affluence d'artisans au salon Eurobois et au Carrefour du bois, signe d'une quête de nouveauté et de tendances.
La durabilité des finitions rend le bois plus attractif
Sébastien Rivière rappelle que le bois, matériau biorénouvelable et isolant, a un grand avenir. La RE 2020 impose les matériaux renouvelables, favorisant le bois y compris pour la décoration et la protection. Les demandes de bois teintés, de brillances et d'effets de décoloration sur fenêtres, bardages ou murs en CLT augmentent. Les fenêtres bois gagnent des parts de marché sur le PVC grâce à des solutions plus qualitatives et des finitions plus durables. L'entretien du bois, parfois un frein, est de moins en moins problématique grâce à l'amélioration des performances des produits.
Concurrence nouvelle des gros faiseurs et stratégie d'Obbia
Bernard Constant constate une nouvelle concurrence des grands fabricants de peinture qui s'attaquent au marché du bois, tirant les prix vers le bas (parfois jusqu'à -15 %). Pour y faire face, Obbia mise sur l'expertise de ses équipes, composées d'anciens menuisiers ou ébénistes, et sur des produits haut de gamme adaptés spécifiquement au bois, comme le souligne Matthieu Barrière, responsable R&D d'Obbia.
Obbia investit également dans l'automatisation de ses processus de fabrication et de conditionnement (étiqueteuses, broyage de pigments, dispersion de peintures) pour optimiser les coûts. L'entreprise compense la perte de chiffre d'affaires en optimisant les achats de matières premières (résines, pigments, additifs) et bénéficie du soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine pour l'innovation et la stratégie RSE.
Une poussée du biosourcé, dopée par la réglementation et le marché
Le Carrefour international du bois a mis en lumière l'intérêt croissant pour les gammes écoresponsables d'Obbia, avec une forte demande internationale, notamment de revendeurs et artisans d'Égypte ou de Mongolie. Bernard Constant insiste sur la valeur des échanges en présentiel dans le secteur du bois. Obbia cherche à étendre son offre écoresponsable à toute sa gamme pour améliorer la durabilité et réduire l'impact carbone de ses produits. Un nouveau formulateur a rejoint la R&D en avril pour accélérer l'innovation. Obbia se positionne comme le seul acteur français offrant une gamme industrielle de produits écoresponsables 100 % made in France.
Chez Masquelack, le biosourcé prend de plus en plus de place. Sébastien Rivière explique l'intégration progressive de 35 à 40 % de matières premières biosourcées, tout en maintenant les niveaux de garantie. Parmi les produits Masquelack pour bardages, la gamme de saturateurs Cosy Vintage offre un aspect vieilli irisé, et Exterlack est une peinture multicouche acrylique de haute qualité avec une durabilité supérieure à dix ans. Exterlack Beams est une lasure acrylique extérieure à base d'eau pour poutres et éléments constructifs. Les finitions MasqueTop 1000 (opaques) et MT5000 (translucides) sont également proposées en version biosourcée pour les menuiseries.
Osmo est spécialisé dans les produits biosourcés à base de pigments naturels, d'huile et de cire végétale, considérés "sains pour l’homme, la flore et l’environnement" par Dorothée Crespy-Fernandez. Ces finitions à base d'huile végétale facilitent l'application et protègent uniformément. Leur durabilité est élevée, même après dix ans en conditions difficiles. La majorité de la gamme Osmo est normée EN71.3 (jouets en bois) et la gamme TopOil est agréée contact alimentaire. L'Huile protectrice UV, commercialisée depuis plus de douze ans, protège les façades quatre à cinq ans sans ponçage. La stratégie d'Osmo est d'anticiper le Green Deal européen pour rester en avance sur la réglementation.
En France, l'offre de produits biosourcés est désormais courante, selon David Veyrat, ingénieur du groupe Durieu. Isabelle Durieu observe que les utilisateurs de bois, déjà engagés dans une démarche écoresponsable, veulent aller au bout en utilisant des produits naturels pour assurer la pérennité du matériau. La législation RE 2020 favorise également les produits écoresponsables, simplifiant le calcul du cycle de vie des matériaux. Cependant, un expert interrogé par BOISmag met en garde contre un "mirage collectif" du biosourcé, soulignant la nécessité d'évaluer la performance, la disponibilité et l'impact écotoxicologique réel, qui ne sont pas toujours supérieurs aux produits raffinés.
Zéro carbone, adaptation, conseil : le créneau d’Osmo
Osmo a engagé ses deux sites de production en Allemagne dans une stratégie zéro carbone d'ici 2030 (finition) et 2035 (tous sites), avec des panneaux solaires, pompes à chaleur et chariots élévateurs électriques. En France, l'équipe commerciale sera renforcée d'ici 2025 pour une meilleure disponibilité auprès du réseau professionnel. Les technico-commerciaux d'Osmo offrent un accompagnement complet, y compris sur les chantiers. L'entreprise étend sa gamme pour répondre aux besoins spécifiques des artisans, assurant que les revendeurs puissent toujours fournir la bonne solution grâce à leurs systèmes de produits et accessoires. Dorothée Crespy-Fernandez souligne que la finition en huile et cire permet au bois de conserver son élasticité et son rôle de régulateur hygrothermique.
Techniques de nettoyage par drone
Le groupe Durieu recommande aux architectes et maîtres d'œuvre de suivre un carnet d'entretien régulier pour les ouvrages bois, comme l'illustre l'exemple du Génoscope de Lanaud qui est resté magnifique pendant plus de vingt ans grâce à un calendrier de maintenance suivi. Les applicateurs professionnels sont de mieux en mieux formés, mais la diversité croissante des essences de bois (avec des imprégnabilités et densités différentes) exige une adaptation constante des méthodes d'entretien et d'embellissement, comme le note David Veyrat. Une tendance émergente est l'utilisation de drones pour le nettoyage et l'application de saturateurs sur des réalisations de grande hauteur, offrant des solutions complémentaires et améliorant la sécurité des employés.
Conserver la même performance et anticiper l'avenir
Le dégriseur biosourcé Net.Trol 200 est aussi efficace que sa version pétrosourcée, se félicite David Veyrat. Le groupe Durieu continue d'améliorer les formulations de ses saturateurs, dont certains sont déjà très avancés en "biosourcé" (plus de 40 %). L'obsession de la performance est primordiale pour tous les fabricants. Isabelle Durieu insiste sur la nécessité de maintenir la qualité des produits biosourcés pour éviter tout amalgame avec une qualité inférieure et préserver l'image de marque.
En R&D, le groupe Durieu vise à aller au-delà du "boom du biosourcé" en menant des recherches à plus long terme pour anticiper les besoins futurs et ne pas se cantonner à ce seul aspect. David Veyrat souligne l'importance de questionner l'impact réel des produits biosourcés et de s'assurer d'un approvisionnement responsable, car un produit "bio" n'est pas forcément écologiquement vertueux en toutes circonstances.
