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“La crise du coronavirus et l’avenir des scieries françaises”


L’arrivée de l’épidémie en France et les semaines de confinement qui ont suivi ont provoqué un arrêt brutal de l’activité des scieries. L’Observatoire du métier de la scierie livre une réflexion sur certains facteurs de fragilité ou de résistance des scieries dans les mois à venir.
Dans sa dernière étude prospective sur l’avenir des scieries à l’horizon 2025, l’Observatoire du métier de la scierie avait misé sur une réelle reprise des volumes de sciages avec tous les corollaires s’y rattachant : marchés porteurs, investissements technologiques impor- tants, bon moral des entrepreneurs qui voyaient enfin le bout du tunnel et reprise d’un grand nombre d’entreprises par une nouvelle génération de dirigeants. Et puis, patatras, la pandémie de Covid-19 est venue bousculer les certitudes et, surtout, briser l’élan d’un pan entier de la profession. À présent, tout est remis en cause. Est-ce que l’élan dynamique des dernières années sera réellement brisé? La profession trouvera-t-elle les ressorts pour affronter les difficultés et la récession? Traversera-t-elle la crise dans l’espoir d’être présente au redémarrage? Plutôt que de noircir la situation actuelle, l’Observatoire du métier de la scierie préfère extraire les forces, les faiblesses, les incertitudes et les opportunités, afin de tenter de dessiner un horizon des possibles.
Quels lendemains pour la scierie française ?
Après avoir traversé le premier choc de la crise sanitaire et du confinement, comment les scieries nationales vont-elles résister et s’adapter? Globalement, les scieries sont bien plus solides qu’au début de la crise financière des années 2010. Sauf peut-être pour le secteur landais, qui se relève difficilement des tempêtes de 1999 et 2009. Sans omettre quelques scieries de type industriel, intégrées à des groupes qui étaient en difficulté avant l’arrivée du virus. Si l’inquié- tude vient moins des moyens de production, remis à niveau cette dernière décennie, c’est essentiellement vers l’aval que se tournent les regards des producteurs. Qu’en sera-t-il du grand marché de la construction, de l’immobilier et du loge- ment? Personne ne peut le dire. Mais, à l’instar des crises précédentes, les producteurs s’attendent à un resserrement de la demande par l’effet mécanique de la baisse drastique des mises en chantier. Le spectre d’une crise financière plane, avec ses conséquences : fermetures d’entreprises, chô- mage de masse, perte de confiance des consommateurs, fri- losité des banques et des pouvoirs publics… Selon Florian Pomarède, dirigeant de la scierie Boissif, dans le Rhône, spé- cialisée dans le douglas : « L’avenir dépendra de la confiance des acteurs économiques à revenir sur les marchés. L’État a joué le jeu pour la préservation des outils de production et pour maintenir le maximum de cash dans les entreprises. La Covid-19 nous incitera peut-être à avancer vers la transition écologique et nous assurera un débouché significatif. »
Limiter la casse
Heureusement, les affaires de sciage sont essentiellement tenues par des familles aguerries aux crises et qui sont en capacité de se serrer les coudes en attendant des jours meilleurs… Si, pour certains producteurs, l’avenir est noir, pour d’autres ce n’est que la répétition cyclique d’une crise devenue décennale depuis la fin des Trente Glorieuses. Cependant, il convient de regarder le proche avenir avec pragmatisme. Pour Marc Siat, dirigeant la scierie indus- trielle alsacienne : « Les mesures gouvernementales vont aider à passer le cap de l’été, mais les problèmes de trésorerie surgiront en fin d’année et c’est là que les vraies difficultés vont commencer. » Pour le scieur des Deux-Sèvres Pierre Méponte, spécialisé dans la transformation de chêne et châtaignier : « On se relèvera si, toutefois, la crise n’est pas trop longue et si tous les types de marchés se remettent en route. Nous craignons une renégociation des marchés en sor- tie de crise, mais aussi la faillite et les impayés de certains clients. Pour faire face, certaines souplesses ou aides devront perdurer concernant la trésorerie. Malheureusement, la disparition de certaines scieries va relancer celles qui résiste- ront. Cette crise nous a obligés à repenser l’organisation et la production d’une autre façon sur le long terme. En somme, cette crise va nous obliger à nous réinventer ! » À son tour Hervé Pépin, dirigeant d’une scierie de chêne dans l’Ain, confirme que « les scieries se sont toujours relevées après les crises, mais souvent avec de la casse. L’espoir est que celles qui résistent repartent plus fort qu’avant, parce qu’elles prennent les parts de marché de celles qui ne sont plus là, mais aussi parce qu’elles se sont remises en question en adaptant leur organisation à la nouvelle période. »
Le soutien indispensable des banques
En résumé, tout est remis en cause. Le premier défi est de tenir, ensuite de travailler sur des opportunités d’affaires apportant des ballons d’oxygène financiers et peut-être même de nouvelles orientations de production. Selon Quentin Blanc, de la scierie Blanc dans la Drôme : « Nous pensons à une diminution de travail en fin d’année suite au report des permis de construire. » Tous espèrent le soutien des banques, l’organe financeur jouant le rôle d’amortisseur. La filière bois des Landes de Gascogne attend aussi « un soutien du gouvernement pour favoriser le main- tien et la relocalisation industrielle, et notamment l’utilisation de bois français dans les chantiers du bâtiment, la distribu- tion et le packaging. » Un plan ambitieux de relance est en préparation, visant une sobriété carbone et la résilience de la Nation, en permettant d’augmenter les ressources fores- tières et les produits biosourcés qui en sont issus, en substi- tution des produits de l’économie d’avant Covid-19.
Par expérience, on sait qu’il y aura encore une fonte de l’effectif des scieries, qui se serait faite même sans la crise, mais on sait aussi que chaque crise fait naître de nouvelles pratiques commerciales et productives. Occasion très certainement de revoir le rapport plus vertueux aussi bien en amont dans le prélèvement de la matière que dans sa trans- formation. Vanter les atouts du bois pourrait être réduit à néant par des pratiques de production intensives de plus en plus contestées par nos contemporains.
Miser sur la coopération
Dans une hypothèse de récession, que beaucoup craignent, la scierie française sera-elle en mesure de résister et de récupérer les volumes de sciages perdus depuis 2008 avec, au bout du compte, la possibilité de reprendre des parts de marché sur les sciages d’importation dans les bois blancs ? Une des solutions reste le travail en réseau. En marge des groupements contractualisés, des collaborations produc- tives et des mutualisations de services se sont mises en place cette dernière décennie dans de nombreuses régions. Elles pourraient faire évoluer considérablement le milieu en cette période de crise, où toute la profession va devoir « relever ses manches », selon un producteur industriel du feuillu. Pour Christian Sénégas, dirigeant de Forézienne MFLS, leader européen de la lame de scie : « Les liens de partenariat se sont vraiment resserrés avec les scieries qui ont continué à travailler malgré les conditions difficiles qu’a imposé le confinement. Au final, être client ou fournisseur c’est bien, mais être partenaire c’est travailler en confiance et pouvoir compter les uns sur les autres, et à plus forte rai- son dans ces moments difficiles. » Dans cette idée de colla- boration constructive, Dominique Mathieu, de la scierie vosgienne Jean Mathieu, est persuadé que « le groupement de scieries est aussi une des solutions pour surmonter les dif- ficultés et permettre à de petites et moyennes unités d’être aussi représentatives que les plus grosses. »
Développer l’offre de services
S’il est un secteur dans le milieu du sciage où les patrons gardent le moral, c’est celui des scieries de services. Un de ses représentants, Jérôme Vadot, exploitant avec son frère une scierie de pays débitant 2 500 m3 de résineux à Branges, en Saône-et-Loire, explique : « Le souci n’est pas dans l’immé- diat, mais davantage dans un futur proche. Il n’en demeure pas moins qu’avec la fermeture des négoces et des GSB pen- dant le confinement, nous avons dû faire face à un afflux de clients, aussi bien particuliers que professionnels, que nous ne connaissions pas avant. Une belle occasion de nous faire connaître, de montrer et de vendre nos produits ainsi que nos savoir-faire. Les conserverons-nous après la crise? Devrons- nous encore plus développer nos moyens et méthodes de vente, il va falloir y réfléchir très sérieusement.
Le mot de la fin revient à David Chavot, directeur du site bourguignon de Margaritelli. « La scierie française possède un atout majeur : elle dispose de l’essentiel de sa matière première sur le territoire. De plus, circuit court, caractère renou- velable, stockage du carbone sont autant d’arguments qui doivent permettre aux scieries de sortir gagnantes sur le long terme de cette période incertaine et mouvementée. »
En conclusion, le maillon de la première transformation du bois, souvent stigmatisé pour sa soi-disant non adaptation à la nouvelle économie, démontre à l’occasion de cette crise exceptionnelle une réactivité et une force d’adaptation remarquables. Ceux qui ont répondu à la demande de l’Ob- servatoire du métier de la scierie sont certains que le futur va être compliqué, mais tous sont bien décidés à relever le défi de passer cette crise et d’en sortir plus forts qu’ils ne le sont aujourd’hui.
Maurice Chalayer